28 juin 2007
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Elle avait perdu jusqu'au plus petit des innombrables souvenirs qui nous sont communs, des souvenirs qui, désormais, n'uniront plus que moi vers elle. Pendant un court instant j'ai espéré entrevoir une petite lueur dans les profondeurs de son regard, mais c'était une peine perdue, tout ce que je pouvais percevoir n'était qu'un vide obscur, un vide sans fond, un vide si improbable que je n'ai pu retenir l'émotion que celui-ci suscita en imbibant mes yeux. Du revers de la main, j'ai tenté d'empêcher les flots envahissants de couler sur mes joues en me remémorant le jour où, me voyant pleurer à la suite d'un examen scolaire, elle m'avait dit: "Il n'y a pas mieux que ta propre main pour sécher tes larmes mon petit, je prie le Très-Haut afin que tu croises le moins possible la horde inexorable des larmes de l'existence".
Je me suis alors résigné à perdre l'espoir de retrouver cette grande dame d'antan qui me prodiguait tant de conseils et m'enseignait tant de paraboles. "Elle ne se rappelle plus de rien, sa mémoire est complètement effacée, je n'aurai jamais pensé un seul instant que ma mère serait tombée aussi bas, elle souffre énormément, et Le Créateur qu'elle a vénéré nuits et jours, semble l'avoir abandonnée dans les affres de la mort..." Susurra ma grand'mère. Ces paroles m'avaient bouleversé. Je pris congé d'elles en ignorant que j'embrassais mon arrière-grand-mère pour la dernière fois. Sur le chemin du retour, je demandais au Tout-Puissant d'exaucer sa prière, je ne pouvais pas m'empêcher d'espérer sa mort puisque c'était la seule et unique manière de mettre un terme définitif à ses souffrances. Je m'en voulais de souhaiter sa mort, mais je me consolais en me disant qu'une fois décédée, elle cesserait enfin d'endurer les tourments causés par le temps sur son mental et sur son physique. "Je préfère me réjouir de l'avoir connue maternelle, câline et rayonnante de vitalité, plutôt que m'apitoyer de la voir gisant sur une couche telle une épave humaine jetée par la vie à une mort qui tardait désespérément à venir" Me disais-je. Arrivé chez moi, j'ai pris un carnet de notes et écrivis à l'attention de je ne sais qui:
Je me suis alors résigné à perdre l'espoir de retrouver cette grande dame d'antan qui me prodiguait tant de conseils et m'enseignait tant de paraboles. "Elle ne se rappelle plus de rien, sa mémoire est complètement effacée, je n'aurai jamais pensé un seul instant que ma mère serait tombée aussi bas, elle souffre énormément, et Le Créateur qu'elle a vénéré nuits et jours, semble l'avoir abandonnée dans les affres de la mort..." Susurra ma grand'mère. Ces paroles m'avaient bouleversé. Je pris congé d'elles en ignorant que j'embrassais mon arrière-grand-mère pour la dernière fois. Sur le chemin du retour, je demandais au Tout-Puissant d'exaucer sa prière, je ne pouvais pas m'empêcher d'espérer sa mort puisque c'était la seule et unique manière de mettre un terme définitif à ses souffrances. Je m'en voulais de souhaiter sa mort, mais je me consolais en me disant qu'une fois décédée, elle cesserait enfin d'endurer les tourments causés par le temps sur son mental et sur son physique. "Je préfère me réjouir de l'avoir connue maternelle, câline et rayonnante de vitalité, plutôt que m'apitoyer de la voir gisant sur une couche telle une épave humaine jetée par la vie à une mort qui tardait désespérément à venir" Me disais-je. Arrivé chez moi, j'ai pris un carnet de notes et écrivis à l'attention de je ne sais qui:
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